Quelles innovations et coopérations mettre en œuvre entre acteurs du domicile pour offrir un meilleur service aux personnes âgées ?

Un certain nombre d’innovations et de mesures ont été prises récemment : le crédit d’impôt immédiat à partir de janvier 2022, l’avènement des services autonomie, dans le cadre du plan ma santé 2022, de nouveaux outils numériques pour améliorer le parcours de la personne aidée et l’émergence de ce qu’on appelle le care management, les managers qui vont être des supers aidants, des coordinateurs pour répondre à de multiples problématiques autour de la personne. Alors comment gérer et intégrer ces nouveautés au quotidien, ces changements majeurs ? Quel va être en particulier l’apport des technologies et comment les bénéficiaires de ces innovations vont-ils les accepter, en profiter pleinement ?

Extrait de la Conférence de clôture, qui s’est déroulée au Salon des services à la personne et de l’emploi à domicile, le mercredi 24 novembre 2021

Quelles innovations et nouvelles mesures sont actuellement mises en place ?

Christiane Flouquet, Assurance retraite Île-de-France

L’Assurance retraite est là pour concourir à la prévention de la perte d’autonomie des retraités, même si on sait que la plupart des retraités s’adressent à nous à l’occasion d’évènements de rupture, comme la sortie d’hospitalisation, la perte d’un conjoint, la chute… Ce qu’on a voulu faire dans le cadre du dispositif Oscar, qui veut dire Offre de Services Coordonnées pour l’Accompagnement de ma Retraite, c’est de rendre la prévention beaucoup plus accessible, en la rendant gratuite, en tout cas pour le retraité, avec un forfait prévention de 500 € par personne et par an. Le prestataire d’aide à domicile est l’acteur le mieux identifié pour être un coordonnateur des actions mises en œuvre, tant sur l’aide humaine que sur la prévention. C’est ce coordonnateur qui est pour nous le care manager, à qui on va verser un forfait de coordination (dont le montant est de 200 € par an et par personne, la 1ère année), pour s’assurer que les besoins qui auront été identifiés sont bien mis en œuvre et consommés. On a pu vérifier qu’il n’y a pas un problème de budget. Il y a un problème de consommation. Les personnes les plus dépendantes, finalement ne consomment pas tout leur budget et les retraités autonomes ne consomment parfois que 60 à 70 % de l’aide à domicile. C’est en fait un problème d’accessibilité au service rendu. Le prestataire coordonnateur s’assure donc de la mise en œuvre du plan d’action.

Et le crédit d’impôt, comment vous allez l’intégrer dans le quotidien des personnes ?

Yann-Gaël Amghar, Urssaf-Caisse nationale

L’Urssaf change de mission avec un rôle d’interface entre usagers, salariés et financeurs. Ce qui est important, c’est l’avance immédiate de l’ensemble des aides fiscales et sociales, d’ici 2024. On commence par le crédit d’impôt, en janvier 2022. Si on se place du point de vue de l’usager, ce qui compte à la fin c’est qu’il ne paye que ce qui est à sa charge, dans une logique du tiers payant. Pour la 1ère étape, en janvier 2022, n’est prélevé immédiatement après la déclaration que ce qui reste à la charge du ménage. Par exemple, si j’emploie quelqu’un à 10 € de l’heure, je paie 6,50 € de cotisations, soit au total 16,50 €. Le crédit d’impôt rembourse 50% soit 8,25 €. Quand je fais ma déclaration fin janvier, je déclare 10 € de salaire net, immédiatement le salarié va recevoir ces 10 € et je serai prélever de 8,25 €. C’est extrêmement simple et le coût final qui apparaît pour l’employeur est moins important que le salaire versé. Cela rend économiquement plus intéressant de déclarer l’emploi que de recourir au travail dissimulé. Et cela assure une sécurisation de leurs droits sociaux aux salariés. En avril, cela sera mis en place pour les mandataires et les prestataires, avec la même logique. Le client du mandataire ou prestataire paie uniquement ce qui reste à sa charge, et le mandataire, prestataire, se fait rembourser la différence par l’Urssaf. C’est une réforme qui au-delà des innovations technologies porte sur notre rôle vis-à-vis des ménages, mandataires et prestataires avec de nouveaux circuits financiers et qui part de l’usager, nous demandant un travail important de co-construction des parcours, quel que soit leur mode d’usage : emploi direct, emploi intermédié, ou combinaison des deux.

Maxime Aïach, Fédération du service au particuliers (FESP) et Groupe DOMIA

C’est beaucoup de simplification : pour notre consommateur, il ne paye qu’un reste à charge. On a ainsi réussi à apporter du pouvoir d’achat à nos clients, à créer de l’emploi, à améliorer les finances publiques. Cela nous a permis, entreprises, fédération, de nous rapprocher des différentes administrations.

Pierre-Olivier Ruchenstain, Fédération des particuliers employeurs de France

Pouvoir d’achat qui arrive de manière concomitante avec une convention collective qui entre également en vigueur au 1er janvier 2022. Et qui porte aussi sur la question de la formation professionnelle. En période de Covid, on a eu 100 000 départs en formation, ce qui démontre le succès absolu de la professionnalisation du secteur. Il y aussi les activités sociales et culturelles, comme un super comité d’entreprise dont tous les salariés peuvent bénéficier, la prévoyance, la santé au travail, la prime de départ en retraite. C’est une innovation car elle retrace toute la carrière du salarié. Quand il fait valoir ses droits à la retraite, ce n’est pas sur le dernier employeur que la prime de départ en retraite sera payée, mais sur une reconstitution de sa carrière par l’intermédiaire de cotisations qui font l’objet également du crédit d’impôt.

Et à propos des services autonomie, du plan Ma santé 2022, des nouveaux métiers de care manager ?

Maxime Aïach

Si je veux accompagner mes parents âgés ou mes grands-parents avec une auxiliaire de vie, en tant qu’aidant, j’ai besoin d’être conseillé, pour m’y retrouver parfois dans un maquis administratif qui n’est pas simple à comprendre en particulier quand on est dans la détresse. Cela fait partie de notre rôle d’apporter ce réconfort. Nous avons aussi une responsabilité en tant qu’employeur, branche, c’est de rendre le secteur attractif. Pour cela, il faut bien payer les gens, leur donner des perspectives, les former, les accueillir. C’est ce qu’il nous reste aujourd’hui à faire. Si on le fait vite, on créera des emplois, on fera prospérer nos activités, nos associations et nos entreprises.

Pierre-Olivier Ruchenstain

Sur cette question d’accompagnement, dans la convention collective dont j’ai parlé tout à l’heure, dès le préambule nous mettons en avant la question du quali mandat, qui est un label pour les mandataires. C’est quelque chose qu’on va travailler car c’est l’intérêt final du client qui est important, et nous sommes tous concentrés sur ce point. Le secteur est en train de se structurer et la vertu de la crise Covid, c’est que ça accélère les choses.

Christiane Flouquet

Pendant la crise il y a eu une forte mobilisation de l’Assurance retraite sur tous ces champs, tant sur le champ de l’aide à domicile que sur le champ de la prévention. C’est vrai que sur l’aide à domicile on a été particulièrement impactés parce qu’on sait bien, les retraités étaient isolés chez eux, comme tout le monde. Mais on s’est rendu compte que les retraités autonomes étaient moins bien accompagnés que les retraités dépendants, ce qui est normal, car ceux-ci étaient prioritaires. L’Assurance retraite avec tous les acteurs du domicile comme les communes, les CCAS, se sont mobilisés pour trouver des réponses alternatives aux besoins des retraités autonomes au domicile. Cela a fait émerger les services de portage de repas, de médicaments, de livraison de courses… Des adaptations très rapides et réactives qui perdurent.

Yann-Gaël Amghar

La personne, le ménage utilisateur ou le salarié intervenant à domicile, est en relation avec plusieurs acteurs. Le salarié à domicile n’est pas seulement quelqu’un qui cotise et reçoit un bulletin de salaire, c’est aussi quelqu’un qui acquiert des droits à la santé au travail, à la prévoyance, à la retraite et qui a besoin de formation. Il est nécessaire d’avoir une branche qui structure et offre l’ensemble de ces prestations et dans un cadre très adapté, incluant l’unification des conventions collectives et l’évolution de la prévoyance. Et nous menons actuellement un travail avec les partenaires prestataires et mandataires, et demain avec d’autres acteurs que seront les départements pour intégrer l’APA et la PCH, et puis un jour aussi, les titres préfinancés dans ce dispositif de tiers payant des aides sociales, fiscales et autres aux ménages.

Maxime Aïach

On a une responsabilité commune, c’est de rendre le métier attractif et nos métiers vont les rendre attractifs : on formera les gens, on prendra l’engagement de bien les payer. Mais les gens travaillent en entreprise, d’autre fois dans une association, parfois en emploi direct. En réalité, ils travaillent partout. Quand on a compris cela, on comprend qu’on a intérêt à travailler ensemble, à former ensemble, peut-être à décider des politiques de rémunération ensemble.

Pierre-Olivier Ruchenstain

On a une population française qui vieillit et qui va avoir de plus en plus de besoins. Et avec ce vieillissement de la population, il y a des changements d’habitudes de consommation. Aujourd’hui, vivre dignement jusqu’au bout de sa vie, c’est vivre chez soi le plus longtemps possible. Cela va s’accompagner d’un certain nombre de services. Effectivement il y a tout un écosystème qui doit encore se développer. De notre côté, nous sommes très mobilisés sur la revalorisation de la PCH, le complément mode de garde, (CMG) pour les assistantes maternelles. Et il va falloir qu’on trouve entre 700 et 800 000 personnes dans le secteur à l’horizon 2030. Le défi va être d’attirer des gens qui ont des parcours pluriels. Dans notre secteur, on peut rentrer, ressortir. Il y a beaucoup de personnes qui en fin de carrière viennent dans nos métiers. Donc tout cela est à ré-imaginer et à développer.

A propos de la transformation digitale des services et des difficultés rencontrées par les personnes âgées

Pierre-Olivier Ruchenstain

Le crédit d’impôt immédiat est totalement digitalisé. Avec un RIB, tout le système est dématérialisé. Pour nous, c’est une opportunité majeure : le fait de déclarer de manière dématérialisée est synonyme de déclaration tout court. Et puis nous sommes sur des métiers du lien, le contact humain ne disparaîtra pas. C’est plutôt un service augmenté. Quand il y a eu Internet, on a parlé d’une fracture générationnelle, qui est moins vraie aujourd’hui. Cela fera partie des compétences que les salariés vont apporter à la personne qui les emploie. Et nous allons former les salariés.

Christiane Flouquet

Le nœud du service rendu il se fait au domicile en présentiel. Après on est sur l’accompagnement, la facilitation, on travaille sur la manière de supprimer tout ce qui est administratif, de faciliter, de rassurer les aidants familiaux, les proches familiaux par des clips donnés. Cela existe et doit être développé.

Maxime Aïach

C’est aussi à nous de nous adapter. Parfois, il y a des difficultés, et on les gère.  La technologie apporte beaucoup de solutions en termes de sécurité, de simplification administrative.

 

Voir le replay de la conférence :

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